La loi de finances prive les Algériens du crédit automobile

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Les Algériens se sentent curieusement l’élément à punir par les autorités dans son conflit avec les constructeurs automobiles. Désormais, les particuliers algériens n’auront plus le droit de formuler des demandes de crédits à la consommation et les crédits automobiles. (Par M.Mohamed)

Une nouvelle disposition de la loi de finances complémentaire 2009, adoptée le 22 juillet dernier et publiée au journal officiel le 26 juillet suivant, vient de confirmer l’interdiction par le gouvernement du crédit à la consommation, notamment le crédit automobile. Une disposition qui sent plutôt la punition générale et qui remet une fois de plus les Algériens dans un désarroi supplémentaire. Contrairement aux peuples des nations civilisées, les Algériens n’ont tout simplement plus le droit à acheter une voiture neuve.

Très impopulaire, cette nouvelle mesure fera très certainement beaucoup de mécontents parmi les Algériens qui, après les taxes imposées sur les véhicules neufs, n’avait que le crédit automobile pour pouvoir réaliser un rêve, celui d’acquérir un véhicule neuf. Avec l’adoption des nouvelles dispositions de la loi de finances 2009, le citoyen se voit ‘’puni’’ par le gouvernement d’une manière incompréhensive. Coté concessionnaires, c’est tout simplement la stupéfaction totale et il n’est même pas utile de sonder la température auprès des banquiers : c’est tout un segment d’activité qui vient d’être supprimé.

Selon l’article 75 de ladite loi, «les banques ne sont autorisées à accorder des crédits aux particuliers que dans le cadre des crédits immobiliers ». Fini alors le crédit automobile et autre crédit à la consommation au grand désarroi du simple consommateur algérien qui trouvait son compte avec son petit salaire.

Ainsi, la loi applique cette réorientation des crédits à toutes les banques en exercice, qu’elles soient publiques ou privées. Cette disposition semble conforme aux dispositions de la loi sur la monnaie et le crédit même si elle empiète quelque peu sur la stratégie commerciale des banques de droit algérien.

Ce qui est certain, c’est qu’une interdiction pareille, d’interdire d’acheter des voitures à crédit auprès des banquiers va freiner l’expansion du parc automobile et faire flamber les prix de l’occasion sur un marché qui échappe totalement au contrôle de l’Etat.

Avec une telle mesure, c’est le marché informel de l’automobile d’occasion qui commence à se frotter les mains. Les premiers échos font état que les petites citadines ont vu leur prix augmenté entre 30 et 35% par rapport à l’ancienne tarification. Une telle mesure encourage le développement du marché informel de l’automobile, alors qu’il a supprimé l’importation des véhicules neufs répondant aux standards internationaux. Une marchandise absorbe chaque année près de 4 milliards de dollars.

Déçus, à travers l’article 75, les concessionnaires prennent conscience maintenant qu’ils sont la cible du gouvernement surtout lorsqu’on sait que plus de 50% des ventes de véhicules des concessionnaires s’effectuent par le biais de la formule crédit automobile. Un autre point qui doit être soulevé c’est le licenciement du personnel recruté par les concessionnaires et dédié au service crédits. L’investissement dans le secteur connaitra, lui aussi, un point mort, alors que les ventes de véhicules chuteront d’une façon libre.

Pour rappel, La CNEP avait déjà pris la décision, depuis plusieurs années, de suspendre définitivement ce genre de crédits pour se concentrer sur son métier qui est l’habitat avant de voir les banques publiques lui emboîter le pas.