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Avec le bouleversement que connait le marché automobile Algérien, M.Christophe Martin, SVP Renault Trucks International a bien voulu nous donner sa vision de ce qui se passe localement et la place de Renault trucks dans cette métamorphose. Rencontré en mage de l’événement Xtrem Days qui s'est tenu à Marrakech, M.Martin nous a confirmé qu'avec les projets engagés par la marque au losange, il est inconcevable que Renault Trucks ne soit pas leader du marché Algérien.

Auto-utilitaire.com: – Renault Trucks organise aujourd’hui les journées Xtrem Days à Marrakech destinées aux clients de la marque. Quel est le but de la tenue d’un tel événement ?

Christophe Martin: – Depuis un an le Groupe Volvo a décidé de revoir son organisation et de séparer les marques qui sont sous son gérant. Renault Trucks a pris son avenir en main et ce que j’ai remarqué en revenant à la marque en tant que patron de l’international que y avait un véritable besoin de faire comprendre à nos clients ce qui était nos produits.

Chez nos partenaires, il est utile de signaler que le mot client a un large sens au moment ou plusieurs acteurs interagissent autour du camion, il y a le propriétaire de la société, le chauffeur, le responsable du parc, le responsable de la flotte…et on s’est même rendu compte que certains propriétaires ne sont jamais montés dans un camion donc on s’est dit il est intéressant de faire quelque chose pour mettre en lumière les qualités de nos véhicules.

Par ailleurs, historiquement dans notre ADN avec la marque Berlier, nous sommes connus pour la robustesse de nos véhicules de chantier…à partir de-là on s’est dit pourquoi ne pas organiser un événement, plutôt une application difficile et extrême pour nos clients sur plusieurs marchés ou nous avons convié plus de 500 d’entre eux pour essayer nos camions dans une carrière dans des conditions extrêmes et dans le but de créer une relation robuste et extrême avec nos clients. C’est ça qui a motivé notre décision pour organiser un événement.

Après avoir vécu cet événement avec nos partenaires, j’étais extrêmement ravi d’écouter des clients me dire « mais je ne savais pas que c’est aussi simple de conduire un camion, je ne savais pas que la boite Optdriver qui équipe les camions me permettrait de conduire mon camion comme une voiture ».

– Renault Trucks installera dans les mois à venir une usine d’assemblage de camions en Algérie. Quels sont vos priorités aujourd’hui sur le marché local ? 

– Pour nous il était assez évident que « pour bien jouer en Algérie il fallait jouer local, et quand on se marie il faut qu’on se marie à 100% et non pas un peu », je veux dire par là que l’engagement et la fidélité doivent être totaux.

Pour Renault Trucks, et même pour le Groupe Volvo « l’Algérie est un marché ultra prioritaire ». En 2016, malgré la complexité de la situation du marché, nous avons tout de même réussi à facturer 1300 camions et pour nous c’est déjà une belle performance, et au-delà des chiffres c’est aussi une occasion pour reprendre le contact avec nos clients via nos concessionnaires, et puis cette décision majeure de construire une usine avec la famille « Souakri » est une décision engageante parce que nous même sommes partie prenante avec une participation dans le capital de la société parce qu’on est convaincus sur la durée que le marché Algérien va continuer de croitre et qu’il faut investir localement pour réussir en Algérie.

Pour l’année 2017, y aura les quotas qui touchent aujourd’hui le segment pas uniquement les calions porteurs mais aussi les tracteurs. Pour moi je comprends parfaitement les autorités Algériennes qui réfléchissent par rapport à la situation économique en Algérie et il va de soi que Renault Trucks suivra à 100% la réglementation Algérienne, mais simplement notre usine sera prête soit en fin d’année ou en début d’année prochaine, donc on aura une période de latence de quelques mois qu’on va devoir gérer et ce que je souhaite réellement est de ne pas impacter nos clients, nos concessionnaires qui investissent de l’argent et qui ont besoin de faire tourner leur business, donc il faut qu’on les aident du mieux que possible.

Nous avions une ambition d’augmenter notre activité d’au moins 20% mais cela risque d’être un petit peu compliqué vu ce qui se passe. Toutefois le besoin reste fort, nos clients nous demande des véhicules…mais pour moi je dirais que c’est une période qui va passer, on voit l’Algérie sur la durée mais j’espère que la situation ne sera pas trop compliquée pour nos clients et nos concessionnaires.

Ensuite à terme et après la mise en marche de notre usine, je dirai que nous prévoyons dans 3 à 4 ans de doubler notre business notamment si on commence à travailler en plus des gros camions, la gamme intermédiaire notamment les véhicules avec un tonnage un peut plus faible ou les besoins sont colossaux, et à titre d’exemple les camions de traitement des déchets.

– Le gouvernement conditionne le développement de l’industrie automobile par une évolution graduelle du taux d’intégration. Que prévoit Renault Trucks à ce sujet ?

– On a bien compris la nécessité d’intégrer localement jusqu’à hauteur de 40%, mais aujourd’hui c’est impossible parce que y pas un tissu industriel qui permettra d’atteindre cet objectif mais ca va se faire petit à petit.

Ce qu’on on est entrain de faire nous c’est de contacter des fournisseurs locaux et également des fournisseurs qui ne sont pas encore en Algérie pour voir avec eux des standards de qualité sur lesquels nous ne pouvons transiger, et qui seront d’accord pour venir jouer sur l’échiquier Algérien. Je pense qu’il faut qu’on soit réalistes, nous devons travailler avec nos concurrents car le marché est trop petit.

Sur ce sujet, je dirai qu’il ne s’agit pas de se mettre d’accord sur les prix ou sur les configurations… mais c’est pour encourager les partenaires étrangers à venir s’installer en Algérie il faut qu’il est une taille critique faute de quoi ils ne peuvent pas résister. Il faudra faire du volume et c’est là qu’on pense à la possibilité d’exporter les véhiucles depuis l’Algérie vers d’autres pays sachant que ce n’est pas simple car les configurations des camions ne sont pas nécessairement les mêmes. Par ailleurs y a possibilité aussi d’avoir des fournisseurs en Algérie qui pourraient fournir d’autres usines du groupe Volvo ailleurs qu’en Algérie.

Aujourd’hui chez Renault Trucks, nous avons des fournisseurs du monde entier, notre camion est fabriqué en France mais toutes les pièces ne sont pas Françaises, elles respectent des normes de qualité dictées par le constructeur mais demain on peut parfaitement envisager des fournisseurs locaux qui vont alimenter le Groupe Volvo autant qu’ils répondent aux normes de qualité et qui soient compétitifs en prix.

Pour nous, l’exportation des camions qu’on assemblera en Algérie nous ne pose aucun souci mais il est clair qu’il est plus judicieux d’investiguer et voir comment on le met en place et notre volonté est de travailler en toute transparence avec les autorités Algériennes et avec les fournisseurs algériens, « notre but est de crée de la richesse en Algérie ».

Il est important de dire aussi que l’ensemble des acteurs dans ce projet doivent en tirer profit, je pense bien sûr à Renault Trucks qui doit gagner de l’argent, les distributeurs et notre partenaire assembleur doivent aussi gagner de l’argent et par la suite nos clients aussi doivent gagner de l’argent en achetant des solutions pour qu’ils soient eux même compétitifs pour être rentable. Après il faudra que nos employés soient heureux dans nos entreprises et enfin et ce n’est pas de moindre il faut que la société Algérienne s y trouve parce que l’état Algérien doit aussi gagner notamment avec la création de l’emploi, de la création de richesse mais également avec des opérations de formation, des actions sociales…notre rôle est de faire émerger des mécaniciens, des électriciens, des chauffeurs…faire progresser une jeune génération qui cherche du travail, qui doit progresser et honnêtement je suis fasciné par la qualité des gens que j’ai rencontré en Algérie.                         

J’aimerai bien dire que les incertitudes sont là et faire des affaires en Algérie n’est pas chose facile, mais la meilleure façon de se protéger c’est de sauter tout entier dans la piscine et ce qui est dangereux c’est de vouloir y aller à moitié et de se dire qu’on va pouvoir réussir en prenant ce qu’on veut prendre, l’Algérie vous l’embrasser à 100% ou vous n y aller pas et pour moi je suis convaincu si on joue à 100% l’Algérie je suis sûr que ça va marcher au vu du potentiel qui existe dans ce pays.

– Avez-vous des projets en Algérie dans la partie formation ?

– Nous pouvons envisager beaucoup de choses aujourd’hui, et au-delà de faire du Renault Trucks nous sommes aussi prêts à explorer d’autres horizons, des projets drivés par les autorités Algériennes qui demandent des partenariats avec différents constructeurs, alors on sera ravis de participer.

Aujourd’hui on a le sentiment, vu la taille de notre business en Algérie, vu la taille du projet qu’on à signer avec M. Souakri, vu les partenaires privés avec lesquelles en travaille dans les différentes villes de l’Algérie, qu’on peut nous même commencer à créer des choses en tant qu’initiative privée et si on le fait on se dira qu’on a vraiment participé à créer de la valeur ajoutée dans le sens où nous aurons à former des bons mécaniciens, techniciens, des gens qui savent gérer la pièce de rechange et former des chauffeurs…

A titre indicatif, former des chauffeurs permettra de consommer moins de gasoil, de permettre aux clients de faire moins d’accidents avec les camions donc il gagnera mieux sa vie et il va automatiquement réinvestir et se développer… A partir de là, je dirai qu’on peut facilement avoir des intérêts qui peuvent intéresser Renault Trucks, nos partenaires, les employés, la société… je dirai que j’y crois beaucoup et je serai très fier si dans trois ans on aurait créé de l’emploi et des talents.

– La gamme de camions Renault Trucks offre une aisance de conduite remarquable grâce à la boite Optidriver. Que pouvez-vous nous dire sur cette dernière ? 

– Aujourd’hui quand vous voyez un véhicule configuré avec une boite Optidriver je dirai qu’un jeune homme ou une jeune femme peut le conduire. Nous avons démocratisé l’utilisation du camion et il faut savoir que le challenge aujourd’hui pour les patrons d’affaires et de trouver des bons chauffeurs, c’est un problème mondial.

L’intérêt qu’on porte aux chauffeurs est un intérêt qui impactera directement l’industrie du transport et de la construction. Ce dernier doit être dans un univers où les conditions de travail sont idéales comme c’est le cas dans nos véhicules avec une cabine confortable et une boite Optidriver. 

– En Algérie, plusieurs constructeurs et marques de camions annoncent des projets industriels pour l’assemblage de camions poids lourds. Comment voyez-vous l’avenir du marché au milieu de toute cette concurrence ? 

– J’ai beaucoup de respect pour nos concurrents, chacun fait ce qu’il peut ou ce qu’il doit faire. Pour nous, ce qui est sûr, c’est qu’il y a une vraie histoire d’amour entre Renault Trucks et l’Algérie qui dure depuis 60 ans.

Nos concurrents considèrent l’Algérie comme un pays majeur et ils ont bien raison, mais je ne vous cache pas que je pense sincèrement qu’on fera les choses mieux que les autres parce qu’on y croit vraiment et on va vraiment mettre les moyens.

Pour moi, il n’est pas question qu’on ne soit pas leaders en Algérie.