Le premier bus privé algérien fin prêt

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S’il y avait une palme d’excellence décernée aux concessionnaires ambitieux voulant contribuer au développement de l’économie nationale, le Groupe Fandi Motors serait incontestablement le lauréat de ce fameux sésame. En effet contrairement aux autres représentants des constructeurs d’automobiles, Fandi Motors qui est une entreprise spécialisée dans l’importation et la distribution de trois marques d’automobiles chinoises ne recule devant rien en relevant un défis risqué en inaugurant une usine de montage de bus au niveau d’El Mohammedia. (Par M.Mohamed)

La nouvelle aventure industrielle de Fandi Motors n’aurait jamais réussi à voir le jour sans la signature, il y a quelques mois de cela, d’un accord de partenariat entre Fandi Motors et la société Yancheng Zhongwei, constructeur chinois de bus. Ce projet ambitieux qui n’était en réalité qu’une simple idée qui effleurait l’esprit du premier responsable de Fandi Motors, Hocine Fandi. Néanmoins, c’est à travers les visites à répétitions du P-DG aux usines d’Europe de l’Est et de la République de Chine qu’il a été décidé de réaliser avec les moyens du bord la première usine privée de montage de bus. Cet investissement financé avec les fonds de l’entreprise a fait fuir les banques qui se cachent pour ne pas répondre à l’appel du courageux investisseur algérien.

En effet, interrogé sur le soutien des banques pour la réalisation d’un tel projet, Malek Amrani, Directeur général de Fandi Motors a affirmé à Auto-Utilitaire.com que « le financement est à 100% sur des fonds propres de l’entreprise ». « Nous avons essuyé des refus polis de la part des banques qui nous ont demandé de patienter. Mais jusqu’à quand allons-nous attendre ? », Regrettera le responsable.

Pour le coût d’un tel projet, M. Amrani précisera que ce projet qui contribuera au développement de l’économie a coûté plus de 7 milliards de dinars dont 420 millions de dinars ont été investis pour la restauration du siège social de l’entreprise et pas moins de 420 millions de dinars ont été consentis pour l’acquisition des équipements de départ, « ce qui est un investissement important » dira-t-il, avant d’ajouter « Nous demandons à ce que l’Etat prenne en charge nos doléances. La TVA et la taxe pour les pièces que nous importons pour le montage des bus sont trop élevées. Actuellement, il n’y a pas une grande différence en termes de taxes au niveau des services des Douanes entre celui qui importe et celui qui produit. Les pouvoirs publics doivent nous aider et encourager la production nationale comme cela se fait dans les autres pays du monde, notamment les pays voisins ».

Un grand nombre de pièces utile dans l’assemblage du bus en question est importé de Chine, néanmoins les parois extérieures, le faux châssis ainsi que l’ensemble de la carcasse du bus sont fabriqués localement grâce à des ingénieurs formés par trois experts chinois qui sont sur site. Ces mêmes experts chinois ont formé dix ingénieurs algériens qui à leur tour forment tous les employés de l’usine qui s’étend sur 2500 m2 pour l’assemblage d’une large gamme des produits. Il ajoutera que son entreprise qui emploie en ce moment 70 employés est actuellement en négociation avec des producteurs locaux pour une intégration au fur et à mesure des différents éléments constituant le bus comme les flexibles, les sièges, les feux, la vitrerie, qui dépendra de deux éléments essentiels : la qualité et le prix.

Exposé au niveau de l’usine, nous avons pu découvrir un échantillon de bus de 35 places flanqué des initiales FM, marque de Fandi Motors, qui sera commercialisé au cours de ce mois de mai. Selon notre interlocuteur, pour un début, 8 bus d’origine chinoise et du même modèle, seront écoulés sur le marché national par Fandi Motors.

Concernant la production annuelle, le DG de Fandi Motors indiquera que la capacité de fabrication atteindra 300 bus par an dans un premier temps. L’objectif prévu à terme est de dépasser ce chiffre. Lors de notre rencontre nous avons pu ressentir l’optimisme de notre interlocuteur dans ses paroles en déclarant que « par rapport au nombre important de bus importés annuellement, nos produits seront bien vendus, surtout que sur le plan prix, il défiera toute concurrence ». A la question des projets futurs du nouveau constructeur, le directeur général expliquera qu’il compte se lancer dans le montage des bus de 70 places dans les mois à venir. Ce même bus, le YJ6105HC est doté d’un moteur américain Cumins, un diesel de 8264cm3 développant 191ch avec un couple de 104 Nm à 2200 tr/min. Il est également doté d’une boite de transmission manuelle à 6 rapports. Long de 10490 mm, large de 2500 mm et haut de 3200 mm et d’un poids total autorisé en charge de 14.100, le YJ6105HC répond aux normes EUROII.

Notre interlocuteur songe également au montage des véhicules 4×4. Des SUV 100% algériens, c’est possible. « Si les pouvoirs publics répondent positivement à ses doléances, une unité de montage de 4X4 chinois en Algérie » a-t-il expliqué, avant de poursuivre que l’importation des véhicules est un business très rentable, mais cela n’arrange guère l’économie nationale.

Pour rappel, Fandi Motors a été créée en 2004. La société s’est d’abord spécialisée durant des années dans l’importation et la distribution de plusieurs types de véhicules utilitaires de petit tonnage des marques Cama, Zung Zing, ainsi que des pick-up et minibus de sept places. Pour les véhicules touristiques, Fandi Motors avait introduit quelques véhicules de la marque Chang qui n’ont pas fait long feu dans la mesure où les acquéreurs ne se bousculent pas pour ces véhicules chinois. Entre autre, il existe plus de 500 usines d’automobile en Chine, dira-t-il, estimant qu’«on doit commencer par où ils ont débuté mais qu’il faudrait qu’on ait du courage».